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Laurent Schachmann, psychothérapeute (Paris) |
Mes idées politiques
Carl Rogers
Trad. : Laurent Schachmann, relu par Elaine Rudnicki
Pour moi, la politique recouvre les questions suivantes : où se trouve le pouvoir, qui fait les choix et prend les décisions, qui exécute et applique ces décisions et qui possède les connaissances ou les données afférentes aux conséquences de ces décisions. Elle recouvre également les stratégies de conquête du pouvoir, de répartition du pouvoir, de conservation du pouvoir, ainsi que du partage ou du renoncement au pouvoir.
Permettez-moi de récapituler, en quelques mots, mon « idéologie » politique. Je me considère politiquement le plus satisfait :
quand chaque personne est encouragée à prendre conscience de son propre pouvoir et de sa propre force ;
quand chaque personne participe complètement et de façon responsable à toutes les décisions qui la concernent ;
quand les membres du groupe apprennent que partager le pouvoir avec les autres est plus satisfaisant que déployer des efforts à utiliser le pouvoir sur les autres ;
quand le groupe invente des modes de prise de décision qui conviennent aux besoins et aux désirs de chacun ;
quand tous les membres du groupe ont bien conscience des conséquences d’une décision, aussi bien sur eux-mêmes que sur le monde extérieur ;
quand chaque personne applique les décisions du groupe en maîtrisant son propre comportement ;
quand chaque personne sent son propre pouvoir et sa propre force s’accroître ;
quand chaque personne, comme le groupe en tant que tel, est flexible, ouverte au changement et considère les décisions précédentes comme susceptibles de réexamen.
Je suis sûr que beaucoup d’entre vous considèrent ces énoncés comme désespérément idéalistes. Mais, dans mon expérience, spécialement lorsqu’quand un climat facilitateur est offert à un groupe, les membres de ce groupe choisissent d’emprunter les voies que j’ai décrites.
Dans certains de mes écrits, particulièrement dans Un manifeste personnaliste, j’ai donné des exemples montrant l’efficacité de ce genre de politique dans la relation conjugale, la famille, les écoles, les ateliers, la conduite des affaires. Je ne connais aucun parti politique qui agisse complètement sur ces bases. Mais je crois fermement qu’il existe un mouvement vers plus de participation au gouvernement, vers la méfiance croissante envers les institutions autoritaristes de toutes sortes ; c’est pourquoi je ne désespère pas.
Ce credo politique qui est le mien n’est pas né d’une confiance politique ni d’une idéologie générale. Il s’est développé à partir de mon expérience personnelle, où j’ai découvert combien il était enrichissant et gratifiant de confier le pouvoir à des personnes, en toute liberté et responsabilité de choix.