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Laurent Schachmann, psychothérapeute (Paris) |
« Le seul savoir qui influence vraiment le comportement, c'est celui qu'on a découvert et qu'on s'est approprié soi-même », affirmait Carl Rogers. Avec lui, l'homme et l'œuvre sont indissociables. Très attentif à la personne humaine, cette grande figure de la psychologie humaniste regardait chacun comme un être digne de respect et de considération. Reconnaître à l'autre sa pleine valeur d'être humain, porter sur lui un regard chaleureux, telles furent les caractéristiques de l'homme, tels sont les fondements de sa « thérapie centrée sur le client » et, plus largement de son « approche centrée sur la personne » (ACP). Ces valeurs, il les mit en œuvre et en démontra la pertinence tant dans son activité de psychologue clinicien que dans celle d'enseignant et de facilitateur de groupe. Il fut ainsi sollicité pour intervenir dans des situations de conflits sociaux ou internationaux. Son action lui valut d'être nominé pour le prix Nobel de la paix l'année même de sa mort, à l'heure où ce grand humaniste pouvait dire : « Ma vie, à 85 ans, est plus belle que mes projets, plus belle que mes rêves, plus belle que mes aspirations.
RÉALISER SON POTENTIEL
Nous portons tous en nous la capacité de
conduire notre vie d'une manière à la fois satisfaisante sur le plan personnel
et constructive sur le plan social. Cela ne signifie pas que nous allons nous
développer dans une telle direction, mais que nous en possédons tant les moyens
que l'élan, de manière que l'on peut qualifier d'organique. Enfant, Rogers
avait passé de longues heures à observer la nature, et notamment les papillons
et les chenilles dont il conservait les cocons. Son hypothèse sur le potentiel
naquit probablement de cette observation, avant d'être appuyée par sa pratique
professionnelle et ses recherches scientifiques.
L'AUTHENTICITÉ, CONDITION DE LA RELATION
« Dans mes relations à autrui, j'ai découvert qu'il ne servait à rien, à long
terme, de me conduire comme si j'étais ce que je ne suis pas. » La confiance
entre deux êtres ne peut s'établir que si chacun est fiable, à soi-même et à
l'autre par conséquent. La qualité de la relation humaine passe par notre
capacité à voir ce que nous sommes, à ne pas nous abriter derrière une façade
car celle-ci apparaîtra tôt ou tard et les dégâts seront considérables. Cela
implique vigilance et questionnement, car il est toujours plus facile, par
exemple, de se fâcher contre l'autre que de découvrir sa mauvaise humeur.
ÉCOUTER POUR
ENTENDRE
Bien que nous passions beaucoup de temps à nous parler, nous ne nous
écoutons pas. Or, être entendu par l'autre est d'une portée profonde; c'est
ainsi que naît le sentiment de compter à ses yeux, d'être considéré et respecté
pour ce que nous sommes. Cela permet de franchir bien des barrières -
culturelles, religieuses, raciales -, et de parvenir à une « rencontre de
personne à personne ». « Que ses propos soient superficiels ou profonds,
j'écoute celui qui s'exprime avec tout le soin, toute l'attention et toute la
sensibilité dont je suis capable. » Lorsque cette attention existe, la
communication s'établit et elle conduit à son tour à une meilleure
compréhension.
DÉVELOPPER UNE
QUALITÉ D'ÊTRE
Derrière une simplicité trompeuse, Caril Rogers nous invite à chercher
la réponse à la plupart de nos questions non pas dans une compétence technique,
mais dans la relation. L'élément décisif, c'est la confiance que nous avons en
nous-mêmes et dans les autres, dans la gestion de nos sentiments et de nos
conflits, dans la recherche d'un sens à notre vie. Cela vaut jusque dans le
domaine de la relation d'aide, où le facteur décisif du changement relève non
des techniques spécifiques du psychologue, mais de ses attitudes envers son
client et de la manière dont ce dernier perçoit la relation.
ENCOURAGER
L'AUTRE À MÛRIR
L'existence d'un climat propice au développement de la personne ne doit
pas être le propre des seuls psychologues. Elle est valable pour tous les
métiers de l'humain (enseignants, médecins, travailleurs sociaux) mais aussi
pour la relation parent-enfant et, de manière générale, pour toute relation
humaine dans laquelle l'une des parties a pour objectif d'encourager l'autre à
s'épanouir, à se développer, à mûrir et à mieux faire face à la vie.